The InkCorruptibles | Les ustensiles lucides #6

La grande contrée de Wam-Palala, célèbre pour sa constitution en faveur de la liberté objetale et son jus de tomate-cerise, n’a pas toujours été telle que nous la connaissons aujourd’hui. Jadis, dans le royaume fort fort lointain de Wôm-Palala (Il y a 13^2ans) un conflit avait éclaté entre le clan des stylos à bille et le clan des stylos plume !

Leur objectif était écrit, littéralement : Prendre possession du grand lac d’encre de Malick (Le premier stylo BIC ayant atteint le réveil objetal), situé entre la région de Impeuhagôch et le grand désert de Plussadroihte.

Blûm, grand commandant des stylos plume, avait un plan, un grand plan, un beau plan, un plan parfait :

– Bon les gars, on les recouvre d’encre !

– Mais heu pourquoi captain ? s’interrogea un stylo sans importance.

– Ben heu, comme ça, ils verront plus rien. Et SBAM ! Ils verront plus rien !

– Ah oui, ça semble logique…

La tâche était ardue, mais Blûm était déterminé à, je cite, “Tous les plumer !”

Cependant, il ne se doutait pas qu’il avait la mort aux trousses, et ne pouvait pas imaginer la férocité féroce de son adversaire qui était pourtant végétarien. Le leader suprême des stylo billes connu sous le nom, doux mais non-moins robuste, de Camille. Un grand général, aux quatres couleurs flamboyantes ! Comment pourrais-je vous le décrire simplement ? Il voit dans le noir, il est vert lorsqu’on lui tend un piège, mais attention, il verra rapidement rouge, et il vous laissera des bleus !

Alors que l’inquiétude de la bataille grandissait, le beau Camille faisait le compte de ses troupes avec Raymond, son second :

– Et les soldats du Mont Stabilo ?

– Aucun n’est venu monseigneur.

– Merde !

– Nous sommes trop peu. 3000 pointes ne suffiront pas à percer les rangs des stylos plumes.

– Je sais Raymond mais nous ….

Un cor au loin interrompit Camille.

– Ce n’est pas un cor de plume.

Sur ces mots il se précipita à l’entrée du camp. Une tonne de questions se bousculaient sous sa carapace en plastique. Qui étaient ces nouveaux arrivants ? Que voulaient ils ? Aimaient-ils les radis ? Et aura-t-il la réponse aux questions précédentes ? Et bien, vous aurez le dénouement de cet intense suspense…
Maintenant : Oui il eut les réponses. C’était des imprimantes. Elles voulaient les aider. Elles détestaient les radis, parce qu’il s’agissait d’imprimantes jet d’encre; et non ces arrogantes imprimantes laser.

Vous êtes plus que bienvenues, mais pourquoi donc vous allier à nous monseigneur Print !? Questionna le general.

Mr Camille, ne vous emballez pas trop, quand on a entendu parler de ce du-du-duel, on a accouru direct. Mais à ma première impression, j’voulais prendre partie pour les plumes, car Blûm est un vieux pote d’usine.

– Ah, vous avez bien fait de changer de côté, il n’y aura plus de descendance chez les plumes, l’usine a arrêté la fabrication plumesque !
Oui, j’ai appris ça, et quand j’ai vu mon indicateur de cartouche vide s’allumer, j’ai réfléchi; je me suis dit qu’ils seront plus susceptibles de garder tout l’encre pour eux.

– Ah vous avez bien réfléchi, c’est que des méchants de toute façon ! S’écria Camille.

– Donc voici le de-de-deal ! On fait moit-moit d’encre !

– Oh, si ce n’est que ça, ça roule !

– Bien, mais faites gaffe, je n’ai pas que des cartouches d’encre en réserve, si vous voyez ce que je veux dire… Menaça Print.

Camille avait accepté le de-de-deal sans aucune retenu, et pourtant, à aucun moment il n’avait l’envie de renoncer au moindre millimètre triangle2 du lac. Il avait donc l’intention de se débarrasser de Blûm en premier, avant de trahir Print. Quel emploi du temps ! Mais son ambition mènera-t-elle à la goutte d’encre qui fait déborder la cartouche ? La suite nous le dira.


La nuit passa et le lendemain matin, alors que toutes les troupes se mettaient en ordre de marche vers le lac de Malick, Camille songea : “C’est donc ici que va se jouer la grande bataille de notre temps ”. Quand ils arrivèrent sur les bords du lac, les stylos plumes étaient déjà là. Mais ils n’étaient pas seuls. Forts et brillants dans leurs armures jaunes les Stabilos mené par Hugo, étaient avec eux. L’encre de Camille ne fit qu’un tour. Il venait d’être trahi par son plus vieil ami. Il se tourna vers ses troupes :

– Formez les rangs soldats, formez les rangs ! Les imprimantes devant et les stylos derrière !

– Enfin Mr Camille, nous on balance des cartouches, c’est les stylos à l’estoc ! Répliqua Print.

– Ah, oui effectivement, je me disais qu’il y avait un truc de pas logique… Faites comme il a dit ! Mes amis, aujourd’hui nous combattrons, parce qu’elle coûte chère, cette bonne terre ! Chargez, et que le crépuscule soit rouge ! … Ou bleu, ou vert, c’est selon en faite.

– C’est alors que tous les capuchons furent retiré d’un seul coup, pendant que toutes les imprimantes se mirent à scintiller d’une couleur verte étincelante, signifiant une grande détermination, mais surtout, qu’elles étaient allumées. Sur l’écran de Print, on pouvait lire :“Ouais ! Que la ba-ba-bataille commence !”.


C’est sur ses 4,6 mots que la bataille commença. Les capuchons volaient en éclat, les pointes de plume se brisaient sous un solide plastique “made in young-corée”. Les odeurs d’encre usagé et de plastique fondu rendaient l’air irrespirable, enfin c’est ce que j’aurais pu dire si ce n’était pas des objets. Cependant, dans la fougue de la bataille, un détail leur échappa : Les imprimantes n’avait pas encore tiré, alors qu’elles avaient déjà nettoyé leur tête d’impression depuis plusieurs minutes. Camille s’en aperçut suite à un coup d’oeil en arrière, mais le conflit était déjà lancé, et lorsqu’il fit volte-face, qui ne vit-il pas à 10cm devant lui : le grand… Le beau… Le Blûm ! Camille n’eut pas le temps de comprendre la situation, qu’il ressentait déjà une grande fuite d’encre dans son abdomen, si l’on puit dire. Blûm l’avait transpercé de son bec argenté, le verdict était tombé : Il s’était fait plumer.

Mais alors que Blûm se réjouissait de sa victoire, il se passa quelque chose qu’il ne comprit pas sur le moment. Tous ses alliés stabilos firent volte face, et partirent en roulant à grande vitesse le plus loin possible du champ de bataille. Le commandant plume cherchait Hugo, leur regards se croisèrent, alors que le chef stabilo était déjà loin du champ de bataille, esquissant un large sourire. Camille était au sol, mourant, dans un bain de sa propre encre, devenue multicolore. Et dans un dernier souffle, il regarda Print au loin, et put lire sur son écran, grâce à son 14/10 aux deux yeux : “- Ha ha ha, on vous a bien niqué -”.

C’est alors, dans un calme de mort et d’incompréhension, qu’on entendit Print crier : “Mes amis, ti-ti-tirez !!!”. Les imprimantes se sont exécutées immédiatement, et le ciel s’est noirci d’une nuée de cartouches d’encre. Mais, étonnamment, on pouvait apercevoir la couleur qu’elles contenaient, ni du cyan, ni du jaune, uniquement du magenta.

Camille et Blûm regardaient le ciel, et dans un souffle étonnement synchronisé ont murmurés : “Oh mince, on s’est fait niquer…”.

Les cartouches s’écrasaient au sol, laissant déverser un océan d’acide, réduisant les plumes et les stylos à l’état de matière première. C’est alors que naquit un deuxième lac, bordant celui de Malik, mélangeant acide, plastique, encre et métaux en tout genre…


Le plan des imprimantes et leur alliance avec les stabilos avaient fonctionnés, aussi bien que leur bouton “start” visiblement.

– Félicitation Monseigneur Print, vous avez vidé vos réserves de cartouches pour notre cause, vous avez respecté notre contrat avec acide-uité.

– Et vous allez respecter votre part, on fait moit-moit !

– Ah, justement c’est là que je voulais en venir, j’aurai une question pour vous : Pourquoi laisser survivre ceux qui amène les humains à ne plus se servir de stylo ?

– Mais… Mais… qu’est-ce que…

– Print n’eu pas le temps de finir sa phrase que tous les stylos se sont attaqué aux imprimantes avec une férocité féroce, bien qu’ils soient toujours végétariens. Elles pouvaient difficilement se défendre, étant prises au dépourvu, et n’ayant plus aucune cartouche d’acide sous le capot.

C’est dans un grand geste héroïque, que Hugo sauta sur la tête, autrement appelé “scanner”, de Print. Mais alors que la pointe du stylo s’apprêtait à se planter, Print ouvrit le capot de son scanner, fracassant le stylo et le projetant au loin, directement dans le nouveau lac. Hugo put décrocher quelques mots, “Espèce de… Blup, blup, blup”, avant de mourir englouti sous une mare d’acide.


Print ordonna de cesser les combats, en affirmant que beaucoup trop d’encre avait coulé aujourd’hui. Fatigués et désabusés, ils se sont exécutés. Il se sentit obligé de faire un beau discours, parce qu’il y a toujours un beau discours à la fin d’une histoire :
Mes amis, regardez tout ce que ces conflits ont provoqué, toujours plus de morts, des grands chefs qui font des trahisons à gauche et à droite pour leur propre intérêt, et vous qui vous battez aveuglément derrière eux….

Je vous épargne la suite de son discours, car bien que fort inspirant pour les stabilos, je suppose qu’il l’est un peu moins pour nous autres humains. Sachez seulement qu’il acheva son monologue par une question, à laquelle il n’attendait peut être pas une reponse “au pied de la lettre” :
Souhaitez-vous vivre dans un monde rempli de hauts dirigeants véreux ?

Ses mots furent incroyablement inspirants pour ses troupes. À tel point que dès qu’il eut fini son incroyable discours, ils l’ont saisi, et jeté dans l’incroyable lac d’acide. Et plouf parfois la vie fait plouf; ou blup blup blup, ou splatch, ou encore spuffbtssss… C’est ainsi que se sont achevés les règnes, mais surtout les vies de Blûm, Camille, Hugo et Print.

Les imprimantes et autres stabilos encore vivants après la bataille arrivèrent à un constat majeur : Maintenant que tout le monde était mort, ils avaient suffisamment d’encre pour un bon moment, et donc plus aucune raison de se maraver la tronche. Et c’est sur cette conclusion que chacun prit une dose raisonnable d’encre pour son utilisation personnelle, repartit chez lui, et devint communiste.

FIN1. Certains ustensiles se disent “végétariens”, ou les plus hypocrites d’entre eux “vegans”, mais on le sait tous, les stylos, ça ne mange rien que l’on pourrait qualifier de “nourriture”

2. A Wam-palala, il est courant d’utiliser le mètre triangle pour calculer les surfaces. (On le note 1mT ou 1m2)

Par la main gauche de John Smith, et son fidèle Harmonica, Nicolas

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