Chapitre 5 : La prophétie | Élucubrations extravagantes

Tard dans la nuit, alors que la plupart des soiffards étaient déjà repartis chez eux en zigzagant tant bien que mal et que le patron s’apprêtait à aller lui même rejoindre les bras de Morphée, la porte de la taverne des Rots-Gnons s’ouvrit avec fracas. Un personnage, entièrement recouvert d’une cape noire trempée par la pluie qui s’était mise à tomber depuis quelques heures, entra d’un pas pesant.
Après avoir traversé l’ouverture, il se redressa, mettant le nain et le semi-homme mal à l’aise. Il était grand et imposant. Il rejeta sa capuche en arrière et ils purent observer sa légère cicatrice sous son œil gauche dont la pupille mauve les regardait d’un air mauvais. Ses cheveux étaient bruns, sa peau tirait sur le gris et personne ne doutait qu’il cachait une dague sous ses vêtements. C’était un assassin drow, un membre d’une caste particulièrement crainte au sein de l’un des peuples dont on se méfiait le plus en ce monde. Chacun se mit sur ses gardes et même le tenancier du bar jeta au nouvel arrivant un regard suspicieux. Il préférait ne pas gagner d’argent plutôt que d’avoir un elfe noir dans sa taverne, c’est dire s’il appréhendait la venue de ce personnage.

Le drow s’avança, essayant d’avoir l’air aussi impressionnant que possible et, alors qu’il allait commander à boire de la façon la plus virile qui soit, il trébucha sur un pied de chaise qui dépassait et s’étala par terre de tout son long.

« Ha, bah c’est ça quand on est trop grand, ça fait plus de bruit quand on tombe ! » Commenta Kazutho.

Le drow l’ignora et tenta de se relever, mais ses gants mouillés par la pluie glissèrent et il tomba à nouveau. Il jura longuement alors que les trois derniers clients riaient aux éclats.

« Ça va, quand on fait même pas un mètre de haut, on se la ramèn…. Anthony ?!
Euh… Ça dépend !
– Mais si c’est toi, j’te reconnais ! J’me suis toujours dit que t’avais une tête de hobbit, haha !
– Euh… Merci mais… t’es qui ?
– C’est moi, Glumy ! Enfin… Hel’ Ygort, ici.
– Ooooooh, salut ! S’écrièrent les trois camarades en même temps. Ça va ?
– À part que j’me suis retrouvé ici alors que j’allais gagner ma partie d’Hearthstone, que j’ai pas pu prendre le nain -il lança un regard noir à Thyoran- et que j’me retrouve dans un jeu dont je connais pas les règles ni le but ni pourquoi je suis là ni comment en sortir… Ouais, tranquille ! Patron, une bière !
– Je croyais que tu ne buvais pas d’alcool ?! S’étonna Junglor Vilmar.
– J’espère juste que mon perso a pas les mêmes goûts que moi.
– Logique. »

Ils reçurent alors un message télépathique, tous en même temps, de la même voix que celle qui les avait accueilli dans l’univers de Oups.

« Vous voilà enfin réunis… Vous, les huit chronoscopeurs…
– Euh y’a erreur là ! J’en fais pas partie moi hein ! S’exclama Hel’ Ygort. Je veux pas qu’on me mélange à ces tarés qui étudient la reproduction des pokémon !
– C’est un sujet très intéressant, ok ?! Répliqua Kazutho, agacé.
– … que le hasard aura emprisonnés dans ce jeu pour qu’enfin, tous les huit…
– On est que quatre, non ?
– D’ailleurs Glumy, on comptait t’en parler, ça te dirait de nous rejoindre ? Intervint Thoyran.
– Ouais, carrément !
– Excellent. Par les saints droits qui me sont conférés, moi, Junglor Vilmar, barde de qualité et modérateur du site Le Chronoscope, te nomme en ce jour, en cette heure et en ce lieu l’un des nôtres. Tu t’es affalé sur cette chaise simple mortel, tu te relèveras, quand il sera l’heure d’aller se coucher, chronoscopeur !
– … deviendrez les huit légendes salvatrices de Sylve-Heure… Ou mourrez en essayant de le devenir. Une mort dans le jeu est une mort dans le monde réel, où votre corps repose toujours. Vos cœurs d’or doivent vous permettre de vaincre le jeu et vos adversaires. »
Quelques secondes passèrent sans qu’aucun des quatre amis ne réagissent à cette annonce pour le moins… apocalyptique. Enfin, Glumy reprit ses esprits.
« J’ai pas tout écouté mais… les chronoscopeurs qui sauvent Sylve-Heure… les cœurs d’or qui permettent de vaincre Sylve-Heure… On est d’accords, les jeux de mots sont pourris ?
– Ouf, je croyais être le seul à l’avoir remarqué ! S’exclama Tom.
– L’imagination de l’auteur laisse vraiment à désirer… ajouta Jérémy. »

Un silence lourd suivit cette affirmation, pendant lequel chacun des acolytes méditait sur le manque de créativité de ces jeux de mots. Puis, ayant déjà oublié la prophétie qu’ils venaient d’entendre, la montée en grade de l’un des leurs et le fait qu’ils n’étaient toujours que quatre, ils décidèrent à l’unanimité de louer et de partager deux chambres pour la nuit. Tom insista pour que le nain et l’elfe noir ne se trouvent pas dans la même chambre pour des raisons évidentes de rôle-play. Il s’installa lui-même avec Hel’ Ygort tandis que Thyoran et le hobbit prirent la chambre d’à-côté, plus petite.

Alban

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