Le Retour de la Fantasy | Les Histoires Artistichaotiques

…DIX CONTRAINTES

I – Une soupape de moteur

II – Un orc qui joue aux Échecs

III – Un fusil qui nettoie

IV – Une greffe de pattes sur un serpent

V – Un Barbare Gay

VI – Une comparaison physique entre un elf et une bouteille d’huile

VII – Une maison style Western

VIII – Un voyage dans le temps à bord d’une calèche

IX – Une fille grenouille dont les mains et les pieds sont palmés et elle a une langue de grenouille

X – Le barbare et l’orc sauvent le monde grâce à une sandale

ET UNE HISTOIRE…

Dans une salle obscure, un homme attendait. Il était richement vêtu de soie et de broderie et était assis sur une énorme chaise en bois pourvue de coussins dorés. La porte de la salle s’ouvrit alors sur une petite créature verdâtre et moustachue.

– Ils sont là, monsieur.

– Faites-les entrer.

– Vous êtes sûrs de vous ? Leur réputation de brutes sanguinaires n’est plus à faire…

– Ne discute pas mes ordres, avorton, menaça l’homme assis d’une voix grave.

Le servant ouvrit donc la porte et fit signe à deux énormes silhouettes d’entrer. Ils s’exécutèrent et pénétrèrent dans le salon privé du maître des lieux. Le regard qu’ils jetèrent au gobelin en passant l’encouragea à se coller contre le mur dans l’espoir de fusionner avec la pierre. Le faiblard avait devant lui un orc et un barbare, tous les deux monstrueux tant par leur apparence que par leurs actes, ayant chacun de son côté causé la mort et la désolation dans la région depuis plusieurs semaines.

L’orc était particulièrement grand, même pour sa race, était vêtu entièrement d’une armure de cuir souple et avait à sa ceinture suffisamment d’armes blanches pouvoir tuer chaque individu présent dans le château avec un instrument différent. Ses yeux luisaient d’une intelligence malveillante, chose rare et redoutable pour un peau-verte.

Le barbare était bâti dans les mêmes proportions que son nouveau camarade, mais était pourtant beaucoup moins impressionnant. Était-ce dû à ses longs cheveux blonds platines, au fait qu’il n’était vêtu que d’un slip rose bonbon, à son tatouage en forme de cœur sur le biceps droit, à son regard lubrique ou à son rouge à lèvre à paillettes ? Nul n’aurait su le dire.

– Messieurs, bienvenue dans mon humble demeure, les accueillit le riche. Mon nom est Rektas Corruptihn.

– Vous, beau gosse ! S’exclama le barbare. Quand taper ?

– .. passons directement à l’ordre de mission alors. J’ai besoin que vous deux fassiez équipe pour me ramener une femme tout à fait atypique.

– Comme les insectes ? Demanda la brute en slip.

– .. Non, en réalité il s’agit d’une elfe qui a subi une malédiction. Elle est à-moitié grenouille.

– On va pas aller sauver une elfe, vous êtes fou ! S’étrangla l’orc.

– Je vous donnerai quinze-mille pièces d’or, assura Rektas.

– On signe où ?

Après avoir fait semblant de farfouiller dans ses papiers, le commanditaire sortit un contrat et une plume et fit apposer leur marque à ses deux mercenaires. L’orc y dessina une tête de mort cornue et le barbare une scène que nous ne relaterons pas ici, dans un objectif de bienséance.

Alors qu’ils allaient quitter la salle et que le barbare commençait à séduire son nouveau partenaire, ce dernier se retourna.

– Au fait, on la trouve où la gonzesse ?

– Dans le futur, bonne chance !

Plus tard dans la soirée, le duo de choc se retrouvait dans le coin d’une taverne, réfléchissant à comment ils allaient bien pouvoir accomplir leur mission.

– Tu sais Grunk, commença le moins virile des deux bourrins, les elfes, c’est comme les bouteilles d’huile !

– Hmm ? Qu’est ce que tu dis Camille ? Interrogea le peau-verte.

– Bah, c’est petit, jaune, ça glisse et ça se mange juste en accompagnement.

– Vu comme ça… »

Suite à cet échange, le barbare, sans doute par dépit, enchaîna les verres d’alcool fort et fut rapidement incapable d’apporter quoi que ce soit à la réflexion, si tant est qu’il ait pu y participer dans son état normal. À côté, l’orc carburait à la bière sans toutefois en abuser, tout en jouant aux échecs avec tous ceux qui acceptaient de faire une partie contre lui. C’était sa propre façon de se détendre et de faire marcher son cerveau à son maximum. Les adversaires défilèrent sans qu’aucun ne parvienne à opposer de réelle difficulté à la brute jusque tard dans la nuit. Alors qu’il allait remballer son jeu et partir se coucher, le peau-verte entendit la clochette de la porte d’entrée résonner et un homme entra. Il était tout à fait singulier, habillé d’une sorte de longue tunique blanche et ses longs cheveux blancs se dressant de chaque côté de sa tête, ce qui lui donnait un air un peu fou… ce qui était parfaitement raccord avec ses yeux exorbités et ses paroles.

– 2,21 GigoWatts ?! MOOOON DIEU !

– .. Bonjour, c’est pour quoi ? Interrogea le tenancier.
Marty ? Nous allons te renvoyer dans le futur !

– Le futur, avez-vous dit ? Demanda l’orc, soudain intéressé.

– Eh oui !

– J’ai besoin d’y faire un tour, pourriez-vous m’y aider ?

– Hmoui d’accord, de toute façon ma machine reste un peu… expérimentale, j’ai bien besoin de sujets de laboratoire, réfléchit le vieux fou. Je vous engage !

– Excellent, quand partons-nous ?

– Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne ! Garantit le scientifique. Mais j’ai besoin de vous poser quelques questions.

– Allez-y, grogna le peau-verte.

– Affirmez-vous être prêt à faire face à une réaction nucléaire et vous engagez-vous à respecter le matériel dans toutes circonstances ?

– .. Oui…

– Et comptez-vous draguer votre mère ?

– Quoi ?! Mais…Non enfin !

– Parfait, à demain voyageur à l’hygiène douteuse ! »

Le patron, médusé, récurait le même verre depuis dix minutes. Il ne s’en aperçut qu’une fois que les deux interlocuteurs s’en furent partis et décida que demain, il poserait un congé maladie. Sa tête lui jouait des tours, il en était sûr.

Le lendemain matin, alors que le soleil commençait à pointer le bout de ses rayons à l’horizon, les deux guerriers étaient déjà debout devant la grande ferme du vieux fou. Ils attendirent plusieurs minutes que celui-ci sorte la fameuse machine à voyager dans le temps de sa grange et, quand il y parvint, ils constatèrent qu’il s’agissait d’un étrange véhicule tiré par deux chevaux.

– Voilà pour vous les gars ! Vous montez sur la calèche -c’est le nom que j’ai donné à l’engin-, vous pensez très fort à ce que vous voulez atteindre et vous réapparaitrez à cet endroit. Enfin j’espère.

– Et il n’y a aucune condition ? Demanda Grunk.

– Bah si, faut que vous rouliez assez vite quand même.

– Et ce truc là, c’est quoi ?

– Une soupape de moteur !

– Et ça sert à quoi ?

– Quitte à voyager dans le temps, autant que ça ait de la gueule !

– Ouais enfin là… l’esthétique est… subversive quoi, commenta Camille.

– Pas de discussions ! S’énerva le scientifique. Montez et partez ! »

Il poussa un peu les deux brutes de ses bras maigrelets qui acceptèrent de monter sur la calèche, puis leur souhaita bonne chance. Il se dit alors qu’il avait oublié de parler des conséquences de leurs actions sur l’équilibre temporel. Tant pis.

Les deux héros s’en furent alors sur la calèche et attendirent de voir une descente pour amorcer leur voyage temporel. Lorsque la pente fut adéquat, ils lancèrent les chevaux à pleine vitesse puis fermèrent les yeux en criant « BASTON ! ».

Ils entendirent un étrange bruit de succion puis réapparurent au milieu d’une taverne.

– Putain Camille, qu’est ce que t’as foutu ?!

– J’avais soif.

– C’est malin…

– Mais j’ai perdu ma sandale, c’est pas marrant ! Mon vernis risque de partir maintenant !

– Comment ça se fait ? S’étonna Grunk.

– Sais pas. J’crois qu’elle s’est barrée quand on s’est téléportés. »

Ils observèrent alors les alentours et s’aperçurent qu’ils avaient sans doute changé d’époque. Les hommes présents dans le bar, qui ne s’étaient pas du tout aperçus de l’apparition des deux monstres, étaient habillés de grandes bottes avec une clochette pointue, de chemises à carreaux, de grands chapeaux et de ceintures de cuir. Alors qu’ils allaient commander à boire, trois hommes dont le bas du visage était couvert par un foulard entrèrent dans le saloon en brandissant d’étranges bâtons de fer et hélèrent le patron.

– Haut les mains tout le monde ! Bob, envoie la caisse ou on canarde !

– Tu crois qu’il va nous donner du canard ? Demanda Camille en murmurant.

– Tagueule, répondit Grunk sur le même ton. »

Pendant ce temps, le tenancier du bar, tremblant des genoux, apporta un coffre aux bandits et repartit se cacher derrière son bar.

– Allez gamin, dit le plus grand des vilains au plus jeune. On va attaquer la banque, pendant ce temps on te laisse nettoyer ici. Fais toi plaisir, j’en veux plus un qui bouge quand on revient.

S’ensuivirent des rires gras, puis les deux brigands s’en furent. Le dernier restant, très intimidé de se retrouver tout seul face à tous ces hommes et cherchant encore à comprendre les instructions de son supérieur, empoigna alors son fusil et commença à balayer le sol avec, rouge de timidité.

Sans demander plus d’explications, le barbare gay se leva, empoigna sa hache et, d’un seul coup, enfonça la tête du brigand dans son corps. Il fit alors signe à son camarade de le suivre et, devant une cinquantaine de personnes totalement hagards, Grunk et Camille sortirent de cette étrange taverne. Ils retrouvèrent sans peine les deux criminels restants, à l’intérieur d’une grande maison toute en bois, plutôt grande et dont le panneau d’entrée affichait « Western Bank ».

Choisissant chacun leur cible, l’orc et le barbare entreprirent de traîner les malheureux dehors. Chacun leur tour, ils mirent alors les corps à hauteur d’épaule et frappèrent dedans avec leur hache pour envoyer les cadavres le plus loin possible, inventant par la même occasion le baseball. Grunk l’emporta de peu.

– Faut pas déconner avec l’argent de la binouze ! » S’écria l’orc lorsqu’il envoya le bandit dans les airs.

Puis, sans se soucier des regards que tout le monde leur jetait, ils reprirent leur calèche qui avait atterrie juste devant le saloon et repartirent.

– Cette fois, penses à la bouteille d’huile.. Enfin à l’elfe qu’on doit aller chercher ! Ordonna le peau-verte.

– Ouais ouais… J’espère qu’elle est pas si huile que ça et qu’elle va pas nous glisser entre les doigts.

– Très drôle, se consterna le cerveau du groupe. Concentre-toi maintenant… Allez…. BASTON ! »

Cette fois, ils atterrirent au bon endroit, juste à côté d’une étrange fille dont les pieds et les mains étaient palmés et dont la langue était incroyablement longue et collante. En observant rapidement l’horizon, ils virent qu’ils se trouvaient entre deux bâtiments gigantesques qui crachaient de la fumée. Ils ne cherchèrent pas à comprendre davantage et, après avoir solidement ligoté l’elfe-amphibien à la demande de Camille, ils relancèrent leurs chevaux le plus vite possible. Un « Baston ! » plus loin, ils étaient de nouveau devant Rektas Corruptihn et lui tendirent la créature.

Avant de sortir du salon richement décoré, ils ne prononcèrent qu’une phrase.

– Le futur, c’est de la merde !

Quelques milliers d’années plus tard, dans un vaisseau spatial furtif, un homme aux traits particulièrement sévères faisait les cent pas.

La porte électromagnétique de son bureau s’ouvrit alors et laissa entrer un grand personnage entièrement vêtu de noir et dont le visage était recouvert d’un masque.

– Bonjour Seigneur Valdor, le salua l’homme sévère.

– Bonjour commandant, lui répondit une voix sombre et qui semblait synthétique. Êtes-vous prêts à lancer le rayon de destruction massif sur la planète Terre ?

– Oui, tout est prêt, je n’attends que votre autorisation, confirma-t-il. Je dois vous avouer qu’après l’échec de notre attaque de serpents mutants, je suis impatient de prendre ma revanche sur ces misérables !

– En effet, cette greffe de pattes sur ces reptiles stupides n’était peut-être pas notre meilleure idée d’invasion… Mais cette fois, tous les calculs ont été vérifiés, vous pouvez faire feu ! »

Alors qu’il allait appuyer sur le gros bouton rouge, une sandale apparut dans les airs et vint le percuter de plein fouet. Elle sentait particulièrement fort et était ornée de paillettes.

Perturbé dans son élan, le commandant vacilla un peu et, en tentant de se raccrocher à son bureau, appuya sur le mauvais bouton rouge.

« Auto-destruction du vaisseau dans 3…2…1… »

Alban

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