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Les joyeuses aventures de Zilk – Chapitre III : Le majeur de l’Indomptance

– CHAPITRE III –

Le majeur de l’Indomptance

Attiré par la fumée noire qui tourbillonnait vers les cieux, annonçant un chaos prochain, un attroupement se rassembla en quelques minutes autour de la cathédrale dévastée.  Après s’être éloignés de ce lieu de culte, qui ne ressemblait plus qu’à un tas de cendres fumant, théâtre d’une ignominie sans fin, ils prirent quelques instants pour toiser la foule amorphe, choquée par ce sinistre spectacle.

Les deux malandrins échangèrent un regard complice et satisfait, puis ils poursuivirent leur avancée dans la sombre ruelle au sein de laquelle ils s’étaient réfugiés sous les conseils avisés de Bibine. Il suivirent le majestueux animal à travers un dédale d’allées pendant plus d’une heure, s’engouffrant dans les entrailles de la cité où échoppes et tavernes n’étaient guère plus qu’un souvenir, laissant la place à d’opulentes habitations et à d’imposants bâtiments administratifs. Ici, dans le centre-ville d’Hazefu, la cité de lumière, tous les murs mur étaient intégralement composés de marbre, la moindre porte était taillée dans le plus pur des chênes par un artisan de renom, chaque particule de verre qui composait les fenêtres était soufflée avec tant de talent qu’elle en brillait encore des années après, comme à l’épreuve du temps. Morgane admirait cette splendeur qui l’entourait, souriant à la pensée de tous ces braves gens dont la bourse mériterait d’être délestée.

  • Tu fais quoi ?! S’impatienta Zilk, qui était revenu sur ses pas après avoir perdu de vue son associée en tournant à un coin de rue, alors qu’elle était arrêtée pour contempler les alentours. Accélère le pas, cet endroit me met mal à l’aise.
  • Désolée, je regardais tout ça… Tout cette richesse me donne une envie terrible de… De tout piller, avoua Morgane d’un air coupable.
  • Oh… Tu ne dirais pas ça juste pour me faire plaisir par hasard ? fit Zilk avec des yeux brillants.
  • Pas le moins du monde, rétorqua Morgane en haussant les yeux. C’est juste que…

Zilk s’apprêtait à répondre avec une pointe d’émotion et d’admiration devant les instincts criminels de son employée, mais il fut coupé dans son élan par la puissante voix d’un homme qui tenait un discours sur la grand-place dans laquelle ils venaient de débarquer.

  • … Trop longtemps nous avons essayé de leur enseigner la Voie, mais ils n’ont pas voulu entendre ! Et c’est pourquoi nous devons nous battre ! Nous battre contre l’ignorance ! Nous battre contre les hérétiques qui infectent notre belle cité ! Comment vaincre ce mal ? C’est par notre dévotion que nous riposterons face à cette engeance abjecte ! C’est ici et maintenant qu’il faut réagir ! Et c’est grâce à vous, à vous tous, braves fidèles du tout-puissant, que nous y arriverons ! Désormais nul hérétique ne verra plus le jour dans cette ville ! A partir d’aujourd’hui chaque fidèle aura une dette ! Une dette envers le tout puissant, une dette de sang ! Zon-Gulu nous met à l’épreuve et ses commandements sacrés sont sans appel ! Il nous ordonne de purifier par le feu tous les infidèles refusant d’admettre sa grandeur suprême et c’est en restant solidaire, en respectant sa divine volonté que nous pourrons atteindre le royaume de paix et d’amour promis à tout adorateur du Grand Zon-Gulu.

Le vieil orateur, dont les bajoues tremblotaient au rythme de sa voix transcendée, reprit son souffle pendant quelques instants. Ses yeux étaient exorbités, son visage était rouge de fureur et d’exaltation, sa moustache frétillait à chacune de ses profondes inspirations. Le public se tut, comprenant que les prochaines paroles de leur prophète, qui respirait à grand-peine, seraient capitales.

  • Mes enfants… Il est temps de déclarer la guerre à ces fanatiques de Zin-Golo ! Il ne fait aucun doute qu’ils sont à l’origine de l’attentat odieux sur notre belle cathédrale de Sainte-Nisette, joyau architectural de notre cité ! Punissons-les à la hauteur de leur crime, marchons main dans la main sur l’abbatiale Sainte-Noisette et, tous ensemble, brûlons-la jusqu’à la dernière pierre ! Une fois ce repère de mécréants réduit en poussière, nous n’aurons qu’à nous emparer de ce qui nous revient de droit : le Majeur de l’indomptance. Avec cet artefact et dès ce soir, nous pourrons enfin faire régner la lumière du tout-puissant sur le monde ! Battons-nous, pour Zon-Gulu !
  • Bravo, bien parlé ! s’écria Zilk au milieu de la foule rugissante qui commençait à se diriger d’un même mouvement, tel un monstre gigantesque, vers l’ouest de la ville.
  • Tant d’ironie en seulement quelques mots… songea la belle voleuse.
  • Pourtant mon bonheur n’est pas feint, nous qui cherchions un guide, nous voilà avec tout un cortège ! lança Zilk gaiement.
  • C’est une façon de voir les choses, soupira Morgane malgré son amusement. Malgré tout, nous devrions peut-être nous écarter un peu de cette masse d’enragés avant de la suivre…
  • Certes, approuva son compagnon avec un signe de tête, Bibine risquerait d’être bousculée par les pieds indélicats de ces malotrus.

Les trois se rapprochèrent de la fin du convoi et, d’un pas décidé, commencèrent leur marche vers l’abbatiale de Sainte-Noisette. Ils traversèrent bon nombre d’allées, de rues et d’avenues, de places et d’esplanades, de jardins et de squares puis, enfin, ils arrivèrent en vue du somptueux bâtiment. Sous leurs yeux intéressés s’érigeait une imposante bâtisse aux larges murs, cernée par de longues rangées de fontaines dont les éclats reflétaient la lumière du soleil rougeoyant.

Arrivé au niveau de la grille d’entrée en argent massif du lieu saint, le grand-prêtre de Zon-Gulu qui menait la marche leva la main d’un geste sec, intimant ainsi à ses fidèles de stopper leur avancée. Ignorant le désordre total au sein de la troupe provoqué par son ordre, le prophète octogénaire s’avança de quelques pas dans la cour pavée bordée de sublimes roses en fleur, envoya un violent coup de pied dans une tête d’ange posée en équilibre sur le sol, et entama son puissant discours.

  • Zooltan, vois ce que tu as provoqué ! brailla le vieillard.  Tu vas subir les conséquences de tes actes ! Sainte-Nisette était un lieu de culte où régnait paix et amour… Et toi, tu l’as souillé et profané par le feu et le sang, alors que nous étions sortis déjeuner ! Tu vas payer ! Admire mon ordre réduire en cendres cette place pour la gloire de Zon-Gulu !

Sa voix, rauque et puissante, attira bon nombre d’adeptes de Zin-Golo à sortir en panique, comme autant d’abeilles dont la ruche aurait pris feu.

  • Nooltaz, quelle est donc cette folie ? s’écria l’interpellé d’une voix chevrotante, depuis une fenêtre de la cathédrale. Notre culte est pacifique, jamais nous n’avons commandité ce terrible attentat et tu le sais très bien ! Je t’en prie, dépose les armes et pénètre en paix dans notre sanctuaire, nous pourrons y parler en adultes responsables.
  • Et comment expliques-tu l’incendie qui ravagea Sainte-Nisette si ce n’est ton clergé ? Une telle puissance n’a jamais été observée sur nos terres ! Je ne vois qu’une explication à cela !

Un murmure fébrile se répandit dans l’assistance, aussi bien du côté des assaillants que des assaillis. Tous savaient quel était l’élément auquel le prêtre Nooltaz faisait référence, mais personne n’osait l’exprimer clairement. Cet artefact surpuissant, ce concentré de magie brute contenue dans un simple objet…

  • Il parle du Doigt là ? vérifia Zilk d’une voix parfaitement intelligible pour tous. Non parce que sinon on s’en va, nous.

L’assemblée se retourna d’un mouvement commun vers le mage, lui jetant un regard scandalisé. C’est alors que Zooltan, choqué, s’adressa directement au perturbateur, énonçant ce que chacun pensait.

  • Qui êtes-vous, mécréant, pour parler ainsi d’une telle relique ? s’offusqua le hiérophante.
  • Et vous, infâme ignorant, qui êtes-vous pour parler ainsi de moiiaaah ! Mais ? s’interrompit Zilk dans son courroux flamboyant.
  • Hum hum, il plaisantait bien entendu ! Reprit Morgane après son violent coup de coude dans les côtes de son partenaire. Une simple petite boutade religieuse pour détendre cette l’atmosphère sacrée… mais je vous en prie messieurs, reprenez donc votre bataille en toute sérénité.

Zilk regarda Morgane d’un air indigné l’espace de quelques instants, puis acquiesça l’initiative de sa partenaire d’un geste sec de la tête avant de se retourner.

  • Et maintenant, je crois que nous devrions nous éloigner, proposa-t-elle. L’ambiance me semble… explosive. Je crois que contourner cette échauffourée est la meilleure approche.
  • Hmm oui, si tu veux, maugréa le mage noir qui n’aurait pas dit non à une bonne grosse bataille. Attends juste une seconde…

Le sorcier balaya l’assemblée des yeux et finit par fixer son regard vers un jeune adepte tremblotant. Quelques murmures s’échappèrent des lèvres de Zilk tandis que ses doigts dansaient dans les airs. Des spasmes saisirent alors le corps du religieux naïf et son visage rougit d’une lueur exprimant une lutte interne et  intense.

  • Voilà qui devrait suffir, annonça le nécromant avec une joie non dissimulée.
  • Parfait, alors on n’a plus qu’à attendre le début des hostilités pour s’introduire à l’intérieur !

Pendant ce temps, les deux représentants cléricaux avaient repris leur joute verbale, à grands renforts d’arguments divins.

  • Apostat sournois ! Hérétique névralgique ! Hurla Nooltaz avec un geste frénétique et odieux de la main, qui rappelait non sans subtilité l’objet de sa convoitise.
  • Sordide sacripant ! Imposteur incrédule ! rétorqua Zooltan avec véhémence.
  • Vous avez utilisé le Majeur de l’Indomptance pour brûler chaque pierre de Sainte-Nisette, avouez-le ! Mais ce soir, il ne vous sauvera pas car Zon-Gulu nous protège et alors, ce sera à moi d’utiliser la puissance du Saint-Doigt pour faire régner le seul vrai dieu sur ces terres !
  • Nooltaz ! Tu sais que nul ne peut l’utiliser ! Seul l’élu saura braver le cristal dont le Majeur est ceint. Or personne à ce jour n’a montré une pureté d’âme assez forte pour que le tout-puissant lui permette de l’extirper de sa sainte enveloppe !

C’est à la fin de cette pieuse affirmation que le jeune envoûté céda, laissant place à toute la rage qu’il avait réussi à contenir jusque-là. Il brandit devant lui un large bâton gravé et se précipita au milieu de la cour de Sainte-Noisette tout en clamant de toute la force de sa voix un message incompréhensible qui, plus tard, sera interprété par les historiens comme ceci : “Bwaaaaaaaaarrrrgggggh !”.

Suite à ces mots obscurs, une bataille s’engagea dans le chaos le plus total. Les sorts fusaient de toute part et les lames fendaient les airs dans tous les sens formant un brouhaha incessant d’éclats métalliques et de flammes crépitantes. La soudaineté et la violence de cette escarmouche que l’on nommera plus tard “la bataille du fou au bâton” fut l’occasion que Zilk, Morgane et Bibine attendaient afin de se faufiler dans le sanctuaire de Sainte-Noisette en toute quiétude, par la porte de derrière.

Les trois compagnons, une fois passée l’entrée le bâtiment, purent contempler le Majeur, disposé majestueusement au centre de la chapelle, à la vue de tous.

  • Qui aurait cru qu’un tel objet serait placé ainsi en évidence ? S’étonna la belle rousse. C’est manquer de respect à tous les voleurs de la ville !
  • Ne t’emballe pas Morgane, il est protégé par un cristal enchanté et, selon les crétins dehors, seul l’élu pourra y accéder.
  • Mais alors pourquoi est-ce qu’on a fait tout ce chemin ?! On ne pourra jamais s’en emparer !
  • Scouik ! fit Bibine avec passion et fierté après avoir déposé le fameux Doigt aux pieds de Zilk.
  • Tu vois, aucun problème n’est sans solution, poursuivit le maître du merveilleux mammifère, sur le ton de la conversation.

Dehors, à travers la porte que les fervents adeptes de Zon-Gulu étaient parvenus à fracasser, le combat venait de s’arrêter. Les belligérants s’étaient immobilisés dans un tableau particulièrement ridicule de guerriers en soutane à l’air à la fois déconfit et illuminé. L’Élu du Majeur de l’Indomptance venait de leur être révélé, le messi était descendu parmi eux. Zilk se tenait là, face à la masse de religieux qui lui faisait face, le saint Doigt à la main. Un sourire machiavélique commença à se dessiner le long de son visage, symbole d’une victoire personnelle et d’une joie fourbe assumée. Un fourmillement d’excitation et d’engouement s’empara de la foule, prête à entendre le discours de leur nouveau sauveur.

Le puissant mage retourna l’objet entre ses doigts, le manipulant avec une délicatesse digne d’un pachyderme enrhumé. Son regard oscillait entre ses adorateurs et l’artefact, l’hésitation semblait le gagner… Finalement, après quelques secondes, il se fixa sur la populace pleine de piété et d’impatience avec une détermination qui n’annonçait rien de bon pour qui le connaissait.

  • Mouais, c’est nul, conclut-il avec dédain.

Toujours en toisant la foule avec défi, sa poigne se desserra et le Majeur tomba à même le sol dans un bruit sourd accompagné de lourdes volutes de poussière. Sous les yeux ébahis des religieux, qui furent effleurés de la pensée naïve d’une simple maladresse de la part de l’Élu, il avança sa jambe et écrasa brutalement la puissante relique tout en se fendant d’un rire dans lequel résonnaient toutes les ténèbres de ce monde.  Il releva le pied d’un geste négligeant dans le but de vérifier qu’il ne restait du saint Doigt que des fragments, balaya une dernière fois l’attroupement de son regard ainsi que le sol de sa botte, puis, dans un majestueux mouvement de cape, se retourna vers ses compagnons. Il se râcla doucement la gorge avant de préciser d’une voix chantonnante :

  • Bien, nous pouvons y aller !

C’est alors qu’il prononçait ces mots que la foule saisit l’ampleur de son acte. Passant en quelques instants de la surprise à la colère à la perte de tout contrôle, elle se jeta vers nos trois amis en poussant de furieux hurlements de rage. Zilk prit Morgane par la main, intima à Bibine de grimper sur son épaule et, dans un claquement de doigts, ils disparurent.

Quelques minutes plus tard, marchant avec difficulté au milieu des cadavres, Zooltan vint se poster devant Nooltaz, son corps entier tremblant de fureur.

  • Sache que je te considère comme personnellement responsable de ce désastre! Annonça-t-il en pointant un doigt accusateur vers son opposant.
  • C’est toi qui a commencé ! répliqua l’autre avec répartie. Le Majeur n’existe plus, mais notre guerre est bien réelle !

Zilk, Morgane et le puissant animal atterrirent au beau milieu de l’auberge du Tonneau Percé où les odeurs de malt et de charcuterie fumée vinrent aussitôt les assaillirent. Ils étaient tous trois attablés et personne, hormis un vieillard assis au comptoir, ne remarqua leur apparition soudaine.

  • Ah, de retour dans un lieu un brin civilisé… fit le mage avec satisfaction.
  • On dirait bien, confirma posément Morgane. Patron, une bière et un lait de chèvre !
  • Scouuik ! s’indigna Bibine en agitant ses petites pattes griffues.
  • Et une coupe de fruits accompagnée d’un peu de poulet ! rajouta Zilk, outré par cet oubli de la voleuse.

Faisant fi du ton accusateur de son partenaire de crime, la belle rousse tapota la table de ses doigts avec impatience. Dès que l’aubergiste leur eut apporté de quoi se sustenter, elle plongea ses yeux d’un vert intense dans ceux, noirs, de l’homme avec qui elle s’était engagée dans cette étonnante aventure.

  • Et maintenant, mon très cher Zilk, tu vas tout m’expliquer, poursuivit-elle avec froideur. J’avoue, j’aime bien voyager avec toi, tu es différent des camarades que l’on trouve habituellement dans le métier et ça me plait… Et j’ai également compris que tu n’es pas un simple brigand ordinaire, ce que je respecte également, ça ne me pose pas de soucis… Mais j’estime avoir mérité le droit de savoir ce qu’on fait, où on va et pourquoi !
  • Alors c’est simple, très simple en fait. Je cherche à provoquer la fin du monde. Ne t’inquiète pas, pas de flammes et de démons parcourant la terre en quête de sang, j’ai déjà donné pour ça ! lâcha-t-il en riant à la mémoire de ses souvenirs d’enfance.
  • Ah… Tant qu’on survit, je suis pas contre, approuva Morgane d’un air sombre. Ce monde ne m’a pas gâté, ça ne me gênerait pas d’en faire naître un nouveau de ses cendres… Mais alors, tu as un plan ? Et diable, pourquoi toute cette épopée pour chercher un objet que tu as simplement brisé ?
  • Une chose après l’autre, posa le sorcier. Tout d’abord, le doigt ! J’étais curieux de juger de sa puissance par moi-même. Malheureusement il m’a déçu au plus haut point… Il était décrit comme surpuissant, contenant la puissance-même des dieux… Mais en fait, il n’avait aucun pouvoir que je ne possédais déjà. Et puis voir tous ces crétins en robe me dévisager comme ils l’ont fait quand je l’ai détruit était, je te l’avoue, particulièrement hilarant.
  • Je ne peux le nier, admit la roublarde avec un sourire amusé. Mais comment as-tu eu connaissance de cet Majeur, supposé si redoutable ?
  • J’ai trouvé des références à ce Doigt dans L’index des Reliques et Artefacts, un excellent ouvrage d’ailleurs, indiqua-t-il en levant le pouce. Quant à mon plan, il consiste avant tout à une constante mais non moins subtile improvisation. Et déclencher une guerre de religion me semble être un bon début, qu’en penses-tu ?

Elle le regarda quelques secondes avec effarement, puis elle se reprit et afficha son habituel sourire confiant et plein de malice. Zilk parvenait toujours à la surprendre, mais elle commençait à s’habituer à ses réactions éternellement décalées. C’était même la raison principale pour laquelle elle appréciait sa compagnie, l’ennui était banni de leur quotidien.

  • Certes, ça s’est plutôt bien passé, convint-elle. Mais pour la suite, on ne va quand même pas se balader au hasard dans les campagnes en espérant qu’une occasion se présente, si ?
  • Capitaine Bibine ? Veuillez rappeler à l’ordre cette malotrue pour son impudence à mon égard ! ordonna Zilk.
  • Scouuuiik ! Acquiesça l’animal avec respect avant de se jeter sur les genoux Morgane avec détermination et de lui montrer son expression la plus indignée.

La jolie rousse, attendrie plus qu’intimidée par ce spectacle, grattouilla le somptueux mammifère avec ferveur en attendant une réponse à sa question.

  • Mais tu as raison, continua-t-il. Et voilà qui tombe bien, je suis quelqu’un de prévoyant et de rusé, tout est planifié. Pour pouvoir asservir le monde dans de bonnes conditions, il faut s’assurer que personne ne le fasse avant. Et c’est là que réside toute la subtilité de mon idée. Nous allons, en toute logique, réduire à néant tout individu, entité ou concept qui aurait ne serait-ce que l’envie de dominer cette terre à notre place. Voilà le plan.
  • Éliminer tous nos rivaux en quête de destruction du monde pour garantir que nous en serons les auteurs, songea-t-elle. Ça me plait !
  • Scoouuuiiikk ! Rayonna Bibine.

Tom & Alban

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Les joyeuses aventures de Zilk | Prologue

– PROLOGUE –

En l’an 88 de la quatrième Ère des Enchanteurs vivait, en Eowaria, un personnage aux sombres desseins, ainsi que Bibine, son raton-laveur. D’aucuns pourraient penser que cet animal fut pour le moins banal, mais rien ne serait moins vrai. En effet, la particularité de ce noble mammifère était sa capacité à apprécier la présence du malfaiteur. Mais cessons-là ces puériles billevesées, abordons maintenant le vif du sujet : comment ce terrible individu terrifia et domina toute vie.

Pour le vil Zilk, tout commença lorsqu’il fit brûler son village natal, tuant ainsi l’intégralité de sa famille, à l’âge de quatre ans. C’est à sept ans qu’il se découvrit une passion pour la nécromancie en exhumant une goule ancestrale, mettant par la même à feu et à sang une centaine de paisibles hameaux. Lorsqu’il atteignit enfin la pré-adolescence du haut de ses neuf ans, il était un maître confirmé dans tous les arts occultes ainsi que la magie de destruction, profitant de ses dons exceptionnels pour répandre la mort partout autour de lui. Plus les années passaient, plus la populace environnante s’amoindrissait. À douze ans, alors qu’il venait d’invoquer une engeance démoniaque, il se rendit compte qu’il était le seul être encore vivant sur son île natale.


Il décida alors, n’ayant rien d’autre à faire, de labourer la terre et de faire pousser des légumes pour passer le temps et survivre. Huit ans durant, il exerça la profession de fermier, se nourrissant des fruits de la nature et de la chair des animaux qu’il faisait apparaître par sa simple volonté, jusqu’à ce que le secret de la téléportation lui soit révélé, par un raton-laveur qui avait traversé l’océan, alors qu’il prenait sa douche. Ainsi, ses pieds foulèrent enfin le sol du Continent et son épopée débuta réellement.


Revenons donc en l’an 88, au fond de cette auberge crasseuse qu’est le Tonneau Percé, où Zilk buvait tranquillement son lait de chèvre. Le brouhaha ambiant et les relents mêlés de malt et d’orge l’aidaient à réfléchir. C’est en ces conditions qu’il venait de parachever son dernier plan, le point d’orgue de sa carrière, l’apogée de la vilenie, le zénith de son génie… !

  • Encore un peu de lait de chèvre, brave homme ? Demanda la jolie serveuse en se penchant vers lui.
  • Mmh… Oui pourquoi pas… Quoi que… Donnez-moi juste quelques secondes… marmonna-t-il en fouillant sa bourse.
  • Aucun soucis ! Fit-elle en patientant quelques secondes, battant des cils. Alors… euh, en prendrez-vous encore un peu ?


L’homme sourit en lui tendant une pièce de cuivre, dérobée sur le cadavre d’un honnête marchand, lui effleurant par ce geste sa peau douce et voluptueuse. Elle rougit, prolongea le contact quelques instants de plus, puis s’éloigna vers le comptoir en soignant son déhanché. Silk observait le mouvement de balancier d’un œil appréciateur. Une fois son godet vidé, le sombre personnage se leva, fit un clin d’oeil discret à la demoiselle et quitta l’auberge d’un pas décidé.


Il attendit la jolie blonde environ deux heures caché dans l’ombre d’un arbre aux abords du village révisant ses sorts de destruction mineure, qu’il n’avait pas utilisé depuis de longues années, sur les écureuils passant par là. C’est alors qu’elle passa le seuil de la taverne, sa chevelure dorée reflétant la lumière des torches environnantes. Il se dévoila, silhouette mystérieuse sortant de la pénombre, et l’entraîna sur une centaine de mètres jusqu’à atteindre une bâtisse désolée, témoignage des guerres passées et présage de celles à venir. Elle se laissa guider, la main dans la sienne, les cheveux volants allègrement au gré des caprices du vent. Son esprit simple appréciait l’instant présent, rêvant éveillée de son amant d’une nuit, heureuse de s’apprêter à découvrir les plaisirs de la vie en compagnie de cet homme si beau et mystérieux.

C’est ainsi qu’ils entrèrent dans la demeure abandonnée. Une fois l’encadrement de la porte passée, un bruit se fit entendre derrière eux. Ils se retournèrent d’un même geste et Bibine apparut, sa queue touffue fièrement dressée derrière elle, ses yeux innocents se posant alternativement sur les deux personnes dans l’espoir de se voir offrir de la nourriture. Zilk s’agenouilla près de l’animal et, d’une mouvement affectueux, le caressa derrière l’oreille tout en psalmodiant d’incompréhensibles paroles à voix basse.

Soudain, en moins de temps qu’il ne lui fallut pour s’en rendre compte, la belle vit ses yeux s’embraser et s’évaporer en une faible fumée violette, puis elle s’effondra sur le sol, toute vie ayant quitté son corps. Le malveillant personnage s’estima satisfait qu’elle n’ait pas souffert, considérant qu’il avait ainsi fait sa bonne action du jour, car il en était venu à apprécier sa charmante compagne et que sa magnanimité était grande. Cela lui rappelait sa jeunesse, et plus précisément le jour où il avait achevé un prêtre avec les dents… Il n’avait jamais été aussi heureux que ce matin là, le sang coulant sur ses vêtements et les os craquants sous sa mâchoire victorieuse…

Enfin, il secoua la tête pour chasser ces beaux souvenirs de son esprit et entreprit de récupérer quelques mèches de cheveux, trois doigts et un poumon sur le cadavre aux belles formes, juste au cas où il en aurait besoin. Il convenait de se mettre en route au plus vite à présent, la conquête du monde l’attendait !

Tom & Alban

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Les joyeuses aventures de Zilk | Chapitre II : Hazefu

– CHAPITRE II –

Hazefu

Le lendemain matin, Zilk précisa qu’il avait besoin de méditer pendant le trajet et que quiconque oserait l’importuner verrait son espérance de vie diminuer indubitablement, puis ils reprirent la route silencieusement pendant l’intégralité de la matinée. Enfin, après avoir escaladé une colline particulièrement pentue, ils arrivèrent en vue d’Hazefu la Sainte, superbe ville baignée dans un halo de lumière. Les remparts de la  cité s’érigeaient fièrement en contrebas et ceignaient Hazefu, impressionnante vue du haut. Le soleil venait illuminer la vallée et rendait éblouissante cette capitale, d’où émergeaient des lueurs d’une beauté incomparable et de doux sons de luth et de harpe.

Même Morgane, sous ses airs de baroudeuse farouche, fut profondément touchée par la paisible atmosphère qui se dégageait des murailles blanches brillantes de pureté. Pendant ce temps, le mage noir s’était mis à marcher à reculons, prétextant l’observation d’une race rare de pigeon dans son environnement naturel, pour ne pas avoir à contempler ce spectacle indigeste.

Ils arrivèrent aux pieds de la ville et virent deux gardes postés devant le mur de pierre où l’embrasure d’une porte gigantesque se dessinait. Les soldats étaient vêtus d’une armure de cuir légère et ne portaient qu’un cimeterre à la ceinture, ce qui étonna Zilk étant donné la puissance et la renommée de ce sanctuaire de connaissance.

Il rangea cette information dans un coin de son cerveau machiavélique et commença à embraser ses mains pour s’occuper du droit de passage lorsque Morgane l’arrêta d’un bras et se positionna devant lui, prête à négocier. Furieux sur l’instant, il choisit de voir comment elle s’en sortirait avant de décider s’il devait ou non se séparer de sa collaboratrice.

  • Bien le bonjour chers messieurs ! Clama Morgane avec conviction. Mon compagnon et moi souhaiterions pénétrer dans votre cité. À ces mots vous me demanderez pourquoi ? Et vous aurez raison ! Bien trop de canailles rôdent dans la nature ces temps-ci et il serait imprudent de laisser entrer quelques malotrus aux intentions plus que douteuses. Je vais donc de ce pas répondre à cette question que vous m’auriez posée. Nous sommes ici pour étudier et en apprendre plus sur le monde qui nous entoure. La botanique, l’alchimie, l’histoire et toutes ces disciplines passionnantes que nous aurions bien du mal à approfondir hors de ces murs.
  • Hmmm, fit l’officier d’un air songeur. Je veux bien vous croire ma jolie petite dame, mais votre compagnon, qu’est ce qu’il fait là ? Et l’animal là, personne lui aurait enseigné à piquer les bourses des honnêtes gens par hasard ? C’est monnaie courante par ici alors pas d’entourloupes !

Zilk, qui observait la scène d’un œil féroce et professionnel, se fendit soudain d’un sourire où transparaissait un profond bonheur. La cité n’avait pas volé sa réputation, grâce à ce brave garde, il venait d’avoir une illumination.

  • Oh non, c’est simplement mon assis… Euh mon mentor, se rattrapa-t-elle en voyant l’oeillade meurtrière que ce dernier dardait sur elle. Il m’apprend tout ce qu’il y a à savoir dans ce travail et c’est lui-même qui m’a guidée vers ce lieu de paix et de savoir. Quant à Bibine, c’est notre animal de compagnie, la seule chose qu’il me reste de ma défunte mère..

Elle joignit un regard larmoyant des plus crédibles à ses paroles et commença à hoqueter de chagrin. Le soldat eut un air compatissant en regardant le mammifère qui ouvrait de grands yeux attendrissants.

  • Eh bien j’imagine que l’on a rien à craindre, fit-il. Je vais vous laisser passer mais d’abord il me faut vos noms pour le registre.
  • Je me prénomme Nisette et voici Jaryl, affirma-t-elle en essuyant ses larmes. Pouvons-nous entrer ?

Le soldat s’écarta et leur fit signe d’avancer. Ils s’éloignèrent un peu afin de s’assurer que les gardes ne pouvaient plus les entendre, puis Zilk se tourna vers la jolie rousse avec un grand sourire.

  • Aah, enfin, les rues d’Hazefu nous sont libres d’accès et sans que toute la ville ne soit à nos trousses ! Et cela grâce à toi, Morgane, je te félicite. Je dois avouer que ta vie a bien failli toucher à son terme tout à l’heure, mais ma foi, tu m’as impressionné. Je suis fier de t’annoncer que tu es désormais mon associée et qu’à partir de maintenant, je respecterai ton existence. À présent si tu veux bien m’excuser quelques instants, j’ai des choses à apprendre à Bibine.

Le génie maléfique se pencha vers l’animal et lui susurra quelques mots à l’oreille. Il se releva alors que le raton-laveur s’éloignait en trottinant sur ses petites pattes. Morgane le suivit des yeux, intriguée par la quête que le nécromant venait visiblement de donner au raton-laveur. Sans un commentaire, Zilk tourna les talons et s’engagea dans une petite ruelle où pendait une unique pancarte indiquant « Le Poulet Flagrant ».

Il poussa la porte de la taverne et arriva au milieu d’une bagarre entre ivrognes. Morgane et lui traversèrent la pièce en direction du comptoir sans prêter la moindre attention à la mêlée qui faisait rage. Ils commandèrent sereinement une bière fraiche et un lait de chèvre et allèrent s’asseoir à une petite table dans un coin où ils espéraient ne pas être dérangés par l’échauffourée. Ils patientèrent tranquillement, appréciant l’ambiance relaxante de la bâtisse, puis le tenancier vint rapidement les servir.

  • Une bière pour monsieur et un lait de chèvre pour sa bien jolie dame, complimenta-t-il en posant les chopes devant ses clients. Il vous faudra autre chose ?

Morgane serrait les dents et se retenait de ne pas planter une dague dans la bedaine de l’aubergiste lorsque Zilk prit la parole.

  • Merci bien mon cher, répondit-il distraitement en lui passant quelques pièces.
  • Moi, ton épouse ! Comment ose-t-il ?! S’enflamma la rousse alors que le tavernier retournait à son comptoir. Et puis merde, c’est pas parce que je suis une femme que je bois du lait de chèvre !

Elle empoigna avec colère sa pinte et la but d’une traite, ce qui fit lever à Zilk un sourcil intrigué.

  • Quel est le problème Morgane ? S’enquit-il en sirotant son verre.
  • Le problème ?! Fulmina-t-elle. Nous nous sommes associés, pas mariés ! Et le jour où un homme posera la main sur moi sans la perdre dans la seconde n’est pas encore arrivé ! Et puis j’ai ma fierté de femme libre… Mais qu’est ce que tu fais ?!
  • Eh bien je pose la main sur toi, expliqua-t-il avec un grand sourire en lui touchant le nez du bout du doigt.
  • Non mais… enfin toi c’est pas pareil ! Soupira-t-elle. Et puis tu me pulvériserais si je tentais de t’attaquer.
  • Certes, confirma-t-il d’un ton rêveur en finissant son verre.

Zilk se levait quand un homme trempé vint s’écraser sur leur table suite à un coup de poing. L’ivrogne se redressa et se tourna vers le mage.

  • Eeeeeuh ! C’toi qu’m’a frappé com’ ça ? Viens t’battre s’t’es un homme !
  • Oouuuuais, fit un autre soiffard, viens t’battre ! Et pis on s’occupera d’ta femme ! Elle doit s’ennuyer avec toi ! S’esclaffa-t-il.

Son rire s’étouffa dans un gargouillis de bulles de sang qui lui remplirent la bouche, une dague au manche violet s’étant soudainement fichée dans sa gorge. Les rires s’arrêtèrent d’un seul coup et un grand silence s’installa dans la taverne. Morgane en profita pour se lever avec, dans la main, une lame similaire à celle qui avait abattu feu le badaud.

  • D’autres amateurs ?! S’écria-t-elle, hors d’elle. Quelqu’un veut-il encore parler de me prendre ma virginité ?
  • Beuh, articula l’homme qui avait atterri sur leur table. Comment qu’t’as pu pas te faire toucher avec ton joli p’tit minois ?
  • Comme ça, répliqua-t-elle aimablement en enfonçant son couteau dans les entrailles du malotrus.

Zilk observa le geste d’un œil appréciateur puis, peu désireux de perdre du temps à réduire en cendres tous les gardes de la ville, songea qu’il fallait s’en aller au plus vite.

  • Je pense que l’on ferait mieux de partir Morgane, conseilla-t-il.

Morgane balaya la salle du regard, tous s’étaient reculés au fond de l’auberge, s’étaient collés au mur et la regardaient avec peur.

  • Tu as raison, partenaire, marmonna-t-elle en tournant les talons.
  • Messieurs, fit Zilk avec un sourire amusé en se drapant majestueusement de sa cape.

La jeune rousse vint récupérer sa dague sur le cadavre dont la gorge était trouée puis les deux quittèrent l’endroit d’un air entendu.

  • Et pourquoi est-on venu dans cette taverne au fait ? demanda Morgane.
  • Parce que j’avais soif, indiqua-t-il avec nonchalance. Et puis il me fallait récolter certaines informations aussi, mais je crains que Le Poulet Flagrant n’ait pas été adapté.
  • Quelles informations ? Insista-t-elle.
  • La localisation du Majeur de l’Indomptance. Je sais qu’il se trouve dans un lieu de culte mais j’ignore encore lequel… Il va falloir enquêter nous-mêmes.
  • On peut toujours fouiller chaque temple et interroger tous les prêtres, proposa-t-elle. Ensuite on le vole.
  • Là d’accord, mais j’ai une meilleure idée quant à la procédure à suivre, trancha Zilk en voyant Bibine revenir.

L’animal se frotta aux jambes des deux compagnons puis se posa sur son petit derrière et fixa Zilk.

  • Elle veut nous dire quelque chose, déduit Morgane.
  • Oui, confirma le mage. Je lui ai lancé un sort, inoffensif pour les raton-laveurs, de détection de magie afin qu’elle cherche une piste vers le Majeur. Et si elle est revenue, c’est qu’elle a trouvé.

Il se tourna vers le mammifère puis il se baissa et sortit de sa poche un biscuit qu’il lui tendit en la grattouillant derrière l’oreille.

  • Bibine, tu as bien travaillé, affirma-t-il d’un ton solennel. Maintenant, guide nous vers le noble Majeur.
  • Skiiiiik, répondit-elle avec sagesse.

Puis le raton-laveur, agitant fièrement sa queue, les guida pendant une bonne dizaine de minutes à travers les ruelles et les passages. Ils la suivirent au pas de course et, lorsqu’ils s’arrêtèrent, ils se trouvaient devant un grand bâtiment entièrement peint de blanc. Sur la façade étaient gravées les inscriptions « Cathédrale de Sainte Nisette ».

  • Quoi ?! S’offusqua Zilk. Ton faux-nom, tu l’as emprunté à une sainte ?!
  • Eh bien oui, dans une ville remplie de gens pieux, ça me semblait être la meilleure idée, s’expliqua-t-elle. Est-ce que ça t’embêtes tant que ça que je profane un nom sacré ?
  • Oh non, mais vois-tu, je suis toujours mal à l’aise lorsqu’il s’agit de religion. Rien que l’idée de marcher aux côtés d’une personne croyante et la désintégration pourrait partir d’elle-même. La prochaine fois, je te serai gré de choisir quelque chose de plus neutre, pour ta propre sécurité. N’y vois rien de personnel.

La jeune femme aux cheveux de feu soupira puis opina avant de se diriger vers la porte d’entrée.

Il faisait frais à l’intérieur et le silence régnait. Le groupe entra et fit un rapide état des lieux. Une grande pièce centrale avec une issue, deux nefs et probablement l’entrée d’une crypte cachée derrière l’autel. Ils se séparèrent, Zilk alla vers la gauche, Morgane se dirigea à droite et Bibine choisit de couvrir le centre de la cathédrale.

Le mage noir était mal à l’aise, il n’avait jamais apprécié l’ambiance des temples. Ça ne l’empêcha de chercher partout pour trouver le fameux doigt sacré, mais il se doutait que l’objet qu’il convoitait ne se trouvait pas ici. Une telle relique aurait probablement été mise en valeur, mais là il ne voyait rien. Au bout de quelques minutes de recherche, il entendit Morgane l’appeler et se précipita dans sa direction, suivi de près par le raton-laveur.

  • Zilk ! J’ai trouvé quelque chose, l’apostropha-t-elle lorsqu’il se rapprocha. Je crois que ce n’est pas ce que l’on recherche, mais ça m’a l’air magique. Je me demande bien à quoi ça peut servir…

Elle lui tendit un anneau argenté sur lequel était incrusté une améthyste. Il le prit dans sa main et l’examina avec intérêt, mais la porte d’entrée claqua à cet instant précis et une dizaine de prêtres furieux apparurent.

  • Eh vous ! S’écrièrent-ils en tendant de concert un doigt accusateur vers les intrus. Reposez immédiatement la Bague de Vision Nocturne, voleurs !

Zilk prit le temps de fouiller ses poches pour en tirer un énorme cigare qu’il alluma sur l’un des cierges se trouvant devant lui, et ce sans quitter les arrivants des yeux.

  • Merci de nous avoir indiqué son pouvoir, désormais Morgane pourra me suivre dans le noir complet ! Bien, nous allons partir maintenant, affirma-t-il en soufflant sa fumée vers les religieux. Elle est moisie votre piaule.
  • Vous pensez que vous allez vous en tirer comme ça ? Il faudra tout d’abord défaire le puissant clergé de Zon-gulu ! Le défia ce qui semblait être le prêtre le plus puissant de l’assemblée.
  • Vous devriez arrêter, grimaça Morgane qui n’appréciait que peu les morts inutiles.
  • Jamais ! Par Zon-gulu ! Clama le religieux.

Une vague de flammes jaillit alors de la main de l’homme et embrasa l’air entre le mage et lui. Zilk soupira et, d’un geste ennuyé, il commanda au feu de se retourner contre les religieux, ne laissant que suie et désolation sur le seuil de la cathédrale. Bibine observa ce carnage d’un regard extatique puis, comme à son habitude, sauta avec joie au beau milieu des cendres.

  • Je les avais prévenus pourtant… grommela la voleuse.
  • Eh bien Morgane, c’est ça la religion. Ils pensent tout savoir, ce qui est assez insupportable… or ils ne savent rien, donc ils meurent. C’est la sélection naturelle, expliqua posément le pyromane.
  • .. Oui, ça paraît logique, conclut Morgane en enjambant la poussière des corps calcinés, avec l’anneau enfilé à l’index.

Zilk, pour faire bonne figure et parce que ça l’amusait, décida de mettre le feu au temple entier. Ils sortirent alors du bâtiment, fermement décidés à poursuivre leurs recherches jusqu’à trouver le seul et unique Majeur de l’Indomptance.

Tom & Alban

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Le Règne du Chaos | Les Histoires Artistichaotiques

**Note des auteurs : Ce texte à l’humour particulier peut heurter la sensibilité de certains d’entre vous. Si vous êtes vraiment ici, en train de lire ceci, je doute que ce message vous soit utile mais sait-on jamais : on ne se prend pas pour des grands auteurs à faire des phrases compliquées, ceci est une parodie, une private joke, un jeu, une plaisanterie, une blagounette, une cocasserie en tout point drôlatique… Bref. Merci à tous et… appréciez l’arrivée prochaine du chaos le plus total !

Dans les vastes contrées de Wam-Palala se baladait un renard. C’était l’automne, un automne où il faisait beau. D’ailleurs, le soleil brillait déjà dans le ciel, seule présence astrale dans ce tableau incroyablement bleu. L’herbe inondait l’atmosphère de sa verdure onirique en se ployant sous une douce brise matinale. Les pâquerettes se développaient à foison, profitant des conditions météorologiques particulièrement généreuses de ces derniers jours pour pouvoir souscrire à leurs activités favorites à savoir chanter, danser, faire des jolis bouquets de fleurs pour leurs mamans et recoiffer les jeunes dessinatrices. Ces fleurs contrastaient d’ailleurs merveilleusement avec les premières et rougeoyantes tombées de feuille des arbres avoisinants, ce qui, pour ne rien cacher, sublimait et magnifiait ce modeste paysage. Au-delà de ces forêts féeriques l’on pouvait constater le gigantisme des montagnes dont les neiges éternelles défiaient les lois de la nature avec une sérénité digne du sage poulet, et qui formaient la frontière entre l’état de Wam-Palala et la Yougocorée du Sud-Mais-Pas-Trop.

En contrebas de cette véritable muraille minérale se trouvait une clairière dont le centre était orné d’un étang où se traînaient avec atonie quelques canards dont l’innocence illuminait d’un doux éclat la surface de l’eau. Leur caractère aimable embellissait les alentours déjà sublimes qui se reflétaient volontiers dans leur oeil habile. Outre cela, de nombreux oiseaux pourfendaient l’azur d’un vol monotone en quête de quelque gibier susceptible d’assouvir leur appétit certain. La mélodie du vent se faufilant habilement entre les branchages n’était interrompue, à intervalles réguliers, que par le hurlement de quelques loups courant avec joie derrière un quelconque rongeur sans défense. Un véritable orchestre constitué de cigales, de criquets et d’autres artistes versatiles venait agrémenter et compléter cette douce harmonie sonore.

Plus loin, dans les vergers riches en couleur, l’air ambiant était embaumé de la délicieuse senteur de pomme venant titiller l’odorat du voyageur satisfait. Il était vêtu de tissu coloré, des teintes toutes plus différentes les unes des autres s’entremêlant mutuellement, comme autant d’étoiles sous la voûte céleste un chaud soir d’été. S’il était particulièrement attentif et réactif, il pouvait apercevoir une famille de lapins de garenne qui avaient élu domicile dans un terrier creusé avec amour et volupté dans la colline la plus proche, au sommet de laquelle se trouvait le chêne le plus vieux de la contrée dont la sagesse n’était plus à vanter. Certes son écorce narrait peut-être des histoires dont nul n’a le souvenir, mais néanmoins sa sève était riche ; riche en mémoire et en romances oubliées. Ses feuilles traînaient mollement au bout de ses branches d’une robustesse infinie, agrémentant les environs d’un balancement régulier correspondant au rythme de la brise, tel un métronome naturel d’une magnificence inégalée. Jamais la nature n’avait été aussi belle et gracieuse. Rien ne pouvait troubler cette apparente tranquillité si ce n’est le gazouillis lointain de certains volatiles acerbes.

Enorgueillie de la silhouette délicate des poissons la parcourant, la douce rivière longeant les plus grands cols serpentait dans toute la vallée, agrémentant la faune et la flore de son paisible reflux, pour aller se jeter avec délicatesse dans l’océan. C’est donc au bord de ce cours d’eau que notre ami le renard, après une longue et fastidieuse journée, alla se blottir afin de terminer en douceur cette aventure.

FIN

**Pour plus d’action, nous acceptons chèques, virements et carte bancaires.

Tom & Alban

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Les figures impossible | La Chronique Picturale !

John : Comment rendre les choses impossibles, possibles ?

Jack : En faisant des maths et du dessin !

Aujourd’hui Chronique Picturale ! Quand on détourne la perspective et les lois mathématiques, ça donne des images tout aussi logiques qu’illogiques ! (aussi oxymoresque que ce soit…)

Leila

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Aucun Sens | #2 CUISINE

Bonjour ! Bonsoir ! Bonjoir ! Aujourd’hui nouvel épisode d’Aucun Sens, changement de décor et de « sujet », pour parler du sens de la vie, la nourriture, les mangas et… les maths ! Mouhahahaha ! Bon visionnage !

Comme d’habitude, toutes critiques, idées, ou conseils constructifs pour améliorer Aucun Sens sont les bienvenus !

Jeremy

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Aucun Sens | #1 PILOTE

Bonjour. Bonsoir. Bonjoir ! Aujourd’hui je vais vous parler de… heu… ben… de… trucs… et d’autres trucs…

Jeremy

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