Les joyeuses aventures de Zilk | Prologue

– PROLOGUE –

En l’an 88 de la quatrième Ère des Enchanteurs vivait, en Eowaria, un personnage aux sombres desseins, ainsi que Bibine, son raton-laveur. D’aucuns pourraient penser que cet animal fut pour le moins banal, mais rien ne serait moins vrai. En effet, la particularité de ce noble mammifère était sa capacité à apprécier la présence du malfaiteur. Mais cessons-là ces puériles billevesées, abordons maintenant le vif du sujet : comment ce terrible individu terrifia et domina toute vie.

Pour le vil Zilk, tout commença lorsqu’il fit brûler son village natal, tuant ainsi l’intégralité de sa famille, à l’âge de quatre ans. C’est à sept ans qu’il se découvrit une passion pour la nécromancie en exhumant une goule ancestrale, mettant par la même à feu et à sang une centaine de paisibles hameaux. Lorsqu’il atteignit enfin la pré-adolescence du haut de ses neuf ans, il était un maître confirmé dans tous les arts occultes ainsi que la magie de destruction, profitant de ses dons exceptionnels pour répandre la mort partout autour de lui. Plus les années passaient, plus la populace environnante s’amoindrissait. À douze ans, alors qu’il venait d’invoquer une engeance démoniaque, il se rendit compte qu’il était le seul être encore vivant sur son île natale.


Il décida alors, n’ayant rien d’autre à faire, de labourer la terre et de faire pousser des légumes pour passer le temps et survivre. Huit ans durant, il exerça la profession de fermier, se nourrissant des fruits de la nature et de la chair des animaux qu’il faisait apparaître par sa simple volonté, jusqu’à ce que le secret de la téléportation lui soit révélé, par un raton-laveur qui avait traversé l’océan, alors qu’il prenait sa douche. Ainsi, ses pieds foulèrent enfin le sol du Continent et son épopée débuta réellement.


Revenons donc en l’an 88, au fond de cette auberge crasseuse qu’est le Tonneau Percé, où Zilk buvait tranquillement son lait de chèvre. Le brouhaha ambiant et les relents mêlés de malt et d’orge l’aidaient à réfléchir. C’est en ces conditions qu’il venait de parachever son dernier plan, le point d’orgue de sa carrière, l’apogée de la vilenie, le zénith de son génie… !

  • Encore un peu de lait de chèvre, brave homme ? Demanda la jolie serveuse en se penchant vers lui.
  • Mmh… Oui pourquoi pas… Quoi que… Donnez-moi juste quelques secondes… marmonna-t-il en fouillant sa bourse.
  • Aucun soucis ! Fit-elle en patientant quelques secondes, battant des cils. Alors… euh, en prendrez-vous encore un peu ?


L’homme sourit en lui tendant une pièce de cuivre, dérobée sur le cadavre d’un honnête marchand, lui effleurant par ce geste sa peau douce et voluptueuse. Elle rougit, prolongea le contact quelques instants de plus, puis s’éloigna vers le comptoir en soignant son déhanché. Silk observait le mouvement de balancier d’un œil appréciateur. Une fois son godet vidé, le sombre personnage se leva, fit un clin d’oeil discret à la demoiselle et quitta l’auberge d’un pas décidé.


Il attendit la jolie blonde environ deux heures caché dans l’ombre d’un arbre aux abords du village révisant ses sorts de destruction mineure, qu’il n’avait pas utilisé depuis de longues années, sur les écureuils passant par là. C’est alors qu’elle passa le seuil de la taverne, sa chevelure dorée reflétant la lumière des torches environnantes. Il se dévoila, silhouette mystérieuse sortant de la pénombre, et l’entraîna sur une centaine de mètres jusqu’à atteindre une bâtisse désolée, témoignage des guerres passées et présage de celles à venir. Elle se laissa guider, la main dans la sienne, les cheveux volants allègrement au gré des caprices du vent. Son esprit simple appréciait l’instant présent, rêvant éveillée de son amant d’une nuit, heureuse de s’apprêter à découvrir les plaisirs de la vie en compagnie de cet homme si beau et mystérieux.

C’est ainsi qu’ils entrèrent dans la demeure abandonnée. Une fois l’encadrement de la porte passée, un bruit se fit entendre derrière eux. Ils se retournèrent d’un même geste et Bibine apparut, sa queue touffue fièrement dressée derrière elle, ses yeux innocents se posant alternativement sur les deux personnes dans l’espoir de se voir offrir de la nourriture. Zilk s’agenouilla près de l’animal et, d’une mouvement affectueux, le caressa derrière l’oreille tout en psalmodiant d’incompréhensibles paroles à voix basse.

Soudain, en moins de temps qu’il ne lui fallut pour s’en rendre compte, la belle vit ses yeux s’embraser et s’évaporer en une faible fumée violette, puis elle s’effondra sur le sol, toute vie ayant quitté son corps. Le malveillant personnage s’estima satisfait qu’elle n’ait pas souffert, considérant qu’il avait ainsi fait sa bonne action du jour, car il en était venu à apprécier sa charmante compagne et que sa magnanimité était grande. Cela lui rappelait sa jeunesse, et plus précisément le jour où il avait achevé un prêtre avec les dents… Il n’avait jamais été aussi heureux que ce matin là, le sang coulant sur ses vêtements et les os craquants sous sa mâchoire victorieuse…

Enfin, il secoua la tête pour chasser ces beaux souvenirs de son esprit et entreprit de récupérer quelques mèches de cheveux, trois doigts et un poumon sur le cadavre aux belles formes, juste au cas où il en aurait besoin. Il convenait de se mettre en route au plus vite à présent, la conquête du monde l’attendait !

Tom & Alban

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